Cecilie Uttrup Ludwig : « Nous y voilà ! »

27 septembre 2021 - 11:41

Elles en sont déjà secouées. Les coureuses du peloton féminin s’apprêtent à disputer la première édition de Paris-Roubaix Femmes, samedi 2 octobre prochain, après avoir déjà espéré faire leurs grands débuts sur les pavés du Nord en octobre 2020, puis au printemps dernier. À l’heure des questions sur les favorites de cette édition inaugurale, on peut s’interroger sur les qualités nécessaires pour y briller, sont-elles exactement les mêmes que chez les hommes ? Cinq d’entre elles, particulièrement motivées par cette échéance, détaillent leur rapport à la Reine des classiques et se projettent vers ce baptême du pavé. Pour la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, participer à l’Enfer du Nord sera l’occasion de réaliser un rêve d’enfant.

Cecilie Uttrup Ludwig (FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope)
Née le 23 août 1995 à Frederiksberg (Danemark)
Équipes successives : Rytger (2014-2015), BMS BIRN (2016), Cervélo Bigla (2017-2019), FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope (depuis 2020)
Principaux résultats :
2012 : vice-championne du monde du contre-la-montre juniors
2016 : 2e des championnats d’Europe sur route espoirs
2017 : meilleure jeune de l’UCI World Tour, 3e du Trofeo Alfredo Binda, 9e des Strade Bianche, 10e des championnats du monde
2018 : 4e de la Course by Tour de France, 6e du Tour d’Italie, 7e du Trofeo Alfredo Binda
2019 : 3e du Tour des Flandres, 3e de la Course by Tour de France, 3e du Trofeo Alfredo Binda, 5e des Strade Bianche, vainqueure du Grand Prix de Plumelec-Morbihan
2020 : 2e de la Flèche Wallonne, 4e du Tour d’Italie, 8e des championnats du monde, vainqueure du Tour d’Emilie
2021 : 2e de la Course by Tour de France, 3e du Trofeo Alfredo Binda, 5e des Strade Bianche, vainqueure de la 3e étape du Tour de Burgos
Signe particulier : personnalité extravertie, très à l’aise face aux micros, elle se verrait bien actrice si elle n’était pas cycliste. « Peut-être quand j’en aurai fini avec le vélo, qui sait ? »

La Course By Le Tour - 17/07/2018 - Annecy - Le Grand Bornand
La Course By Le Tour - 17/07/2018 - Annecy - Le Grand Bornand © JA. DELEVAUX / ASO
La Fleche Wallonne Femmes 2020 - 30/09/2020 - Huy / Mur de Huy (124 km) - Belgique -  Cecilie UTTRUP LUDWIG (FDJ NOUVELLE AQUITAINE FUTUROSCOPE)
La Fleche Wallonne Femmes 2020 - 30/09/2020 - Huy / Mur de Huy (124 km) - Belgique - Cecilie UTTRUP LUDWIG (FDJ NOUVELLE AQUITAINE FUTUROSCOPE) © A.S.O./Thomas Maheux
La Fleche Wallonne Femmes 2020 - 30/09/2020 - Huy / Mur de Huy (124 km) - Belgique - Cecilie LUDWIG (FDJ NOUVELLE - AQUITAINE FUTUROSCOPE) -  Anna VAN DER BREGGEN (BOELS DOLMANS CYCLINGTEAM) -  Demi VOLLERING (PARKHOTEL VALKENBURG)
La Fleche Wallonne Femmes 2020 - 30/09/2020 - Huy / Mur de Huy (124 km) - Belgique - Cecilie LUDWIG (FDJ NOUVELLE - AQUITAINE FUTUROSCOPE) - Anna VAN DER BREGGEN (BOELS DOLMANS CYCLINGTEAM) - Demi VOLLERING (PARKHOTEL VALKENBURG) © A.S.O./Thomas Maheux

ILS L’ONT FAIT RÊVER
Dès l’âge de 10 ans, Cecilie Uttrup Ludwig marquait d’une croix rouge Paris-Roubaix sur son calendrier des épreuves à ne pas rater devant sa télé. « J’avais toujours très hâte de la regarder. Je me souviendrai toujours de ces moments qui précèdent la Trouée d’Arenberg, Je m’enflammais à l’entrée de ce secteur, tellement c’était brutal et épique. » La forêt d’Arenberg, elle a fini par s’y rendre, à l’orée de sa carrière professionnelle, il y a six ans, juste pour le plaisir d’arpenter ces pavés dont elle rêvait tant. « C’était un moment vraiment spécial. Je me suis dit : ‘’Oh mon dieu, c’est quelque chose que j’ai vu tant de fois à la télévision’’ ! Et j’y étais à mon tour. Je me souviens avoir pensé :“un jour, peut-être, il y aura un Paris-Roubaix pour moi aussi”. Et nous y voilà ! »

TAILLÉE POUR LES PAVÉS ?
Si aucune course ne ressemble à Paris-Roubaix, de bons résultats sur le Tour des Flandres et les Strade Bianche demeurent des indicateurs fiables sur la capacité à bien y figurer. C’est le cas de Cecilie Uttrup Ludwig, qui a terminé 3e du « Ronde » en 2019 et 5e de la course toscane à deux reprises (2019 et 2021). La grimpeuse de 26 ans convient néanmoins que son gabarit (52kg) détonne un peu dans le décor de l’Enfer du Nord. « Il est clair que les hommes qui brillent à Roubaix sont grands, forts et poussent beaucoup de watts. Ce n’est pas mon profil, effectivement ! Mais j’espère que j’aurai suffisamment de watts, quand même, et surtout que je saurai être maligne. Car sur une course aussi dure, il faudra être devant et rester bien placée à l’entrée des secteurs. » Puisqu’il n’y a encore jamais eu de Paris-Roubaix Femmes, l’incertitude demeure sur le type de coureuses qui seront à leur avantage. « C’est une première, on n’a donc aucune idée de comment va se dérouler la course ! Que tu sois maigre, grande, rouleuse ou grimpeuse, tout le monde au départ pensera avoir une chance de l’emporter. Et c’est ce qui fait la beauté de cette première édition. »

SE PRÉPARER À TREMBLER
A l’idée d’affronter les pavés, Cecilie Uttrup Ludwig navigue entre deux sentiments, la peur et l’excitation. « C’est un mélange des deux ! On ne peut pas comparer les pavés de Roubaix à ceux des Flandres. J’ai vu des photos de coureurs qui ont fini avec des ampoules plein les mains. Je n’ose imaginer à quel point ça fait mal. Je m’attends donc à beaucoup de souffrance. Mais j’ai hâte d’y être ! » L’an passé, la tête de proue de l’équipe FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope n’avait pu participer au stage organisé par son équipe sur les secteurs pavés. « Je n’ai pas fait de reco non plus cette année. Mais juste après l’épreuve en ligne des Mondiaux (samedi 25 septembre), je serai présente toute la semaine dans les environs. J’en profiterai pour reconnaître tous les secteurs, me préparer au mieux, et déterminer la bonne pression des pneus pour le jour-J. » Pour appréhender l’événement et les subtilités relatives au franchissement des pavés, elle dit avoir notamment demandé conseil à la “Danish Mafia”, la communauté des coureurs danois, dont fait partie l’ancien champion du monde Mads Pedersen, qui habite comme elle à Gérone, en Espagne.

LE SCÉNARIO IDÉAL
Comme toute Scandinave qui se respecte, Cecilie Uttrup Ludwig aime les météos capricieuses. Elle espère pourtant que le soleil sera présent le 2 octobre. « Le parcours sera suffisamment difficile en soi. Alors si l’on ajoute de la pluie… Je veux voir une bataille où toutes les meilleures s’expriment, que la vainqueure ne sera pas celle qui aura simplement su rester sur le vélo. » Elle espère que la course se décantera de loin. « Mais c’est l’envie de beaucoup, je crois. Tout le monde aura un esprit de combattante, voudra être placée en tête à l’entrée des secteurs. Je pense que ce sera très dur… Mais c’est comme ça que j’aime le vélo. Honnêtement, je ne sais pas quoi attendre de cette course ! Un top 10, un podium… J’espère surtout pouvoir franchir la ligne avec le sentiment d’avoir tout donné. Celle qui gagnera ce Paris-Roubaix restera dans l’histoire. Tout le monde rêve de remporter cette édition. »

Les épisodes précédents, à découvrir ou à relire :
. Audrey Cordon-Ragot : « On y marque l’histoire du cyclisme » (I/V)
. Chantal van den Broek-Blaak : « On ne peut comparer Roubaix à aucune autre course » (II/V)
. Elisa Longo Borghini : « Le pavé ne me fait pas peur » (III/V)

29/08/2020 - La Course By Le Tour de France avec FDJ- Nice / Nice (96 km) - Presentation des equipes -  Cecilie Uttrup LUDWIG (FDJ NOUVELLE AQUITAINE FUTUROSCOPE)
29/08/2020 - La Course By Le Tour de France avec FDJ- Nice / Nice (96 km) - Presentation des equipes - Cecilie Uttrup LUDWIG (FDJ NOUVELLE AQUITAINE FUTUROSCOPE) © A.S.O./Thomas Maheux

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