Lisa Brennauer : « Légendaire est vraiment un mot qui correspond »

30 septembre 2021 - 12:01

Elles en sont déjà toutes secouées. Les coureuses du peloton féminin s’apprêtent à disputer la première édition de Paris-Roubaix Femmes, samedi 2 octobre prochain, après avoir déjà espéré faire leurs grands débuts sur les pavés du Nord en octobre 2020, puis au printemps dernier. À l’heure des questions sur les favorites de cette édition inaugurale, on peut s’interroger sur les qualités nécessaires pour y briller, sont-elles exactement les mêmes que chez les hommes ? Cinq d’entre elles, particulièrement motivées par cette échéance, détaillent leur rapport à la Reine des classiques et se projettent vers ce baptême du pavé. La puissante Lisa Brennauer est originaire de Bavière, comme son ami John Degenkolb (vainqueur de Paris-Roubaix en 2015) et le pionnier Josef Fischer, premier vainqueur de l'Enfer du Nord, en 1896. Elle ne peut que rêver d’écrire l'histoire !

Lisa Brennauer (Ceratizit-WNT Pro Cycling Team)
Née le 8 juin 1988 à Kempten (Bavière, Allemagne)
Équipes successives : Equipe Nürnberger Versicherung (2009), Team Hitec Products UCK (20110-2011), Specialized-lulumon / Velocio-Sram Pro Cycling (2012-2015), Canyon-Sram (2016-2017), Wiggle High5 (2018), Ceratizit-WNT Pro Cycling Team (depuis 2019)
Principaux résultats :
2013: championne d’Allemagne du contre-la-montre, championne du monde du contre-la-montre par équipe
2014: championne du monde du contre-la-montre individuel et par équipe, médaillée d’argent dans la course en ligne, championne d’Allemagne
2015: championne du monde du contre-la-montre par équipe, vainqueure du Holland Ladies Tour et du Women’s Tour
2017: vainqueure du Thüringen Rundfahrt der Frauen
2018: championne d’Allemagne du contre-la-montre, vainqueure du Thüringen Rundfahrt der Frauen
2019: championne d’Allemagne, vainqueure du Madrid Challenge by La Vuelta et du Festival Elsy Jacobs
2020: championne d’Allemagne, championne d’Europe du contre-la-montre par équipe, vainqueure du Madrid Challenge by La Vuelta
2021: championne d’Allemagne, championne d’Allemagne du contre-la-montre, championne du monde du contre-la-montre par équipe
Signe particulier : Lisa Brennauer n'a jamais couru à Roubaix mais elle s’apprête à découvrir à la fois le vélodrome extérieur et le vélodrome couvert en octobre. Après l'Enfer du Nord, elle reviendra pour les Championnats du Monde Piste UCI, au vélodrome Jean Stablinski à la fin du mois.

ILS L’ONT FAIT RÊVER
Paris-Roubaix arrive, et Lisa Brennauer a déjà la « chair de poule » en pensant à « rouler sur les derniers pavés de Roubaix, ceux qui ne sont “pas trop durs”, avant d’entrer dans le vélodrome. Légendaire est vraiment un mot qui correspond bien à cette course. » Passionnée, la championne d'Allemagne connaît bien l'Enfer du Nord et son folklore : « C'est une course brutale qu’on a suivie plein de fois à la télévision, et maintenant nous pouvons enfin relever ce défi nous-mêmes. Je pense donc que c'est une belle étape pour le cyclisme féminin et je suis ravie d'en faire partie. J'aime le style de la course. Je pense que c'est aussi une épreuve qui me convient en tant que coureuse. Je suis donc super motivée pour cette première édition. »

TAILLÉE POUR LES PAVÉS
Beaucoup de conditions sont requises pour briller sur les pavés, tout particulièrement en direction de Roubaix. « Il faut avant tout d’abord beaucoup de puissance, et bien sûr il faut savoir rouler sur les pavés », commence Brennauer. « Mais je pense aussi que vous avez besoin de votre équipe et qu’il faut avoir le mental pour ne jamais abandonner. » La championne allemande compte sur ses coéquipières pour la mettre dans les meilleures dispositions afin d’exprimer ses capacités, et elle s’appuie notamment sur Maria Giulia Confalonieri : « Elle a super bien couru lors des Mondiaux la semaine dernière. » Le palmarès impressionnant de Brennauer dans le chrono montre qu'elle a la puissance et la résistance. Avec plusieurs podiums dans des classiques pavées comme le Tour des Flandres et Gand-Wevelgem, elle a déjà prouvé sa capacité à s'exprimer sur des épreuves difficiles dans des conditions éprouvantes : « Je pense vraiment que c'est une course qui me convient. »

SE PRÉPARER À TREMBLER
Au lendemain des Mondiaux, Brennauer s'est directement rendue à Roubaix pour une nouvelle reconnaissance des pavés. « Je suis venue assez tôt, déjà l'année dernière lorsqu’on pouvait voyager à nouveau. On avait eu un temps parfait pour Roubaix, il pleuvait », raconte-t-elle en riant. « J’ai passé deux jours là-bas pour rouler sur le circuit, tester le matériel, et j’ai encore fait deux jours après les Mondiaux. Je pense savoir comment faire, quelles sont les trajectoires à prendre ou, du moins, celles qu’il faut éviter, pour que le passage des pavés soit aussi fluide que possible. » Originaire de Bavière, Brennauer a également discuté avec John Degenkolb, vainqueur de Paris-Roubaix en 2015 : « Nous nous fréquentons sur les courses depuis que nous avons moins de 15 ans, donc sa victoire est mon souvenir préféré de Roubaix. Son principal conseil a été de toujours rester devant et de ne jamais abandonner avant d'être vraiment à l'arrivée, car tout peut se passer dans cette course. »

LE SCÉNARIO IDÉAL
« Je pense que beaucoup de gens me voient comme une coureuse qui attend souvent le final parce que je suis assez rapide, mais je ne pense pas qu’on gagne comme ça à Roubaix », prévient Brennauer. « Bien sûr, l’idéal serait d’arriver seule, ou dans une très très petite échappée pour pouvoir gagner cette course. C'est un scénario que j'espère pouvoir créer. » L’Allemande veut donc « économiser le plus d'énergie possible dans la première partie de course, pour pouvoir ensuite suivre une attaque ou lancer une attaque dans le final. C'est là que je me vois. » Cela pourrait la conduire à un deuxième succès sur les routes françaises, 8 ans après avoir remporté sa première victoire pro lors du Tour Languedoc Roussillon. Lever les bras à Roubaix ce samedi serait une étape majeure dans sa carrière et dans l'histoire du cyclisme.

Les épisodes précédents, à découvrir ou à relire :
. Audrey Cordon-Ragot : « On y marque l’histoire du cyclisme » (I/V)
. Chantal van den Broek-Blaak : « On ne peut comparer Roubaix à aucune autre course » (II/V)
. Elisa Longo Borghini : « Le pavé ne me fait pas peur » (III/V)
. Cecilie Uttrup Ludwig : « Nous y voilà » (IV/V)